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Exclusif : Pierre Ducrocq, conseiller sportif chez Kemari, nous donne ses clés de la réussite !

Interview exclusive 100% BK de Pierre Ducrocq, ancien milieu de terrain du Paris Saint-Germain (148 matches, 4 buts), devenu conseiller sportif depuis 10 ans. Pour Billion Keys, il nous délivre quelques tuyaux pour espérer atteindre le haut niveau et surtout y perdurer ! A lire avec un intérêt extrême.

Par Rédaction 01 juin 2023

 

Pierre, tu as raccroché les crampons en 2011. Tu occupes le poste de conseiller sportif. Peux-tu nous expliquer le rôle que tu exerces auprès des jeunes joueurs ?

« Je suis conseiller sportif depuis 10 ans au sein de l’agence Kemari. J’accompagne des joueurs professionnels tout au long de leur carrière afin de répondre à leurs attentes pour qu’ils se sentent les plus épanouis possible. En parallèle, je développe notre réseau avec les clubs et les dirigeants, en France comme à l’étranger. C’est beaucoup de travail au quotidien. Je jongle entre les coups de téléphone, les mails et les déplacements. Je suis amené à visionner et à assister à beaucoup de matches. Quand l’un de mes protégés affronte Paris, le match s’annonce toujours difficile ! Je croise les doigts pour que la soirée se passe au mieux, même si voir Paris gagner ne me déplaît pas non plus. »

Pierre Ducrocq - Kemari

En quoi ton passé de footballeur est-il bénéfique pour endosser ce costume ?

“Ma carrière me sert à gérer un tas de situations que j’ai rencontrées personnellement. Si j’avais eu une carrière au top niveau dans les 4 meilleurs clubs européens, je n’aurais pas la même approche dans mes conseils. Le prêt en ligue 2 quand tu es jeune, le prêt parce qu’on ne veut plus de toi, le départ d’un club que tu ne veux pas quitter, les années difficiles, l’étranger, les vestiaires où tu dois t’imposer… Tout ça me sert dans la gestion de carrière des joueurs qu’on représente. C’est mon vécu. Par exemple un joueur qui se plaint des relations qu’il a avec un coach, je lui dis « Tu sais quoi, fais-lui entendre raison, vas le voir, vas lui parler, tu verras sa réaction. Si tu as été nickel et droit comme un i, tu n’auras rien à te reprocher et on ira voir ailleurs.”

Le jeune joueur d’aujourd’hui est-il le même qu’à ton époque ?

“Ce ne sont pas les joueurs qui ont changé mais le système. Un joueur avec l’état d’esprit d’il y a 20 ans ne serait pas adapté au système actuel. On met souvent tout sur le dos des joueurs mais c’est le système et aussi les clubs qui ont des comportements qui ont changé. Un joueur ne peut plus décider de rester dans un club où il se sent bien, il n’est plus considéré de la même manière. C’est juste un actif du club. Il faut coller à l’ultra concurrence et à l’argent qu’il y a dans le football. Avant, quand tu signais un beau contrat de 4 ans dans un club, ce dernier s’attachait à ce que ça marche. Tu ne devais pas mettre les finances du club en danger. Aujourd’hui ils s’en foutent, entre guillemets. Si ça ne marche pas, ils prennent un joueur ailleurs et c’est comme ça. Pour les joueurs c’est compliqué. On leur demande de faire attention, d’être impliqués, et puis un an après on te demande d’aller voir ailleurs. Tu n’as plus le temps.”

Agence Kemari al Twitter: "💥💥💥💥 @FlavienTait s'est engagé hier soir pour les 4 prochaines saisons avec le @staderennais ! Après 3 saisons à @AngersSCO qui lui ont permis de découvrir la @Ligue1Conforama

Le football est donc un peu le reflet de notre société ?

“C’est exactement ça. Les jeunes n’ont plus confiance, et puis d’autres, malgré leur talent naturel n’ont pas envie de forcer. De même, un garçon bien éduqué va devoir affronter un monde ou un vestiaire avec des valeurs différentes. Il faut s’adapter. Parfois il faut savoir dire merde à quelqu’un, voir plus que merde… Pas facile. On retrouve ça dans d’autres secteurs d’activité.”

Arrives-tu à faire face à ce contexte ?

“Oui, et puis depuis les 10 ans que l’agence existe, on s’est rendu compte qu’on a des joueurs qui nous correspondent. On ne l’a pas fait exprès. Ils ont leur personnalité, mais la majorité ont certaines valeurs qui nous vont bien. Qu’ils soient en Ligue 1 ou en Ligue 2, ou international. On aurait du mal à travailler avec des individus qui ont certains comportements.”

En somme quels conseils donnerais-tu à un jeune joueur U21 pour espérer atteindre le haut niveau ?

« Le travail, rien que le travail et surtout avec sérieux. En ce qui me concerne, il fallait vraiment que je sois très malade ou bien blessé pour manquer une séance d’entraînement. J’étais loin d’être le plus doué techniquement voire même physiquement, mais par contre je me donnais tout le temps à fond lors de chaque exercice. J’étais conscient également qu’il fallait adopter une bonne hygiène de vie. Par exemple, je n’accompagnais quasiment jamais mes potes de lycée qui faisaient la fête chaque week-end. A mon époque, nous n’avions pas de travail individualisé comme il existe aujourd’hui. Il était donc important de savoir se prendre en main pour être performant. L’entourage est également important pour savoir faire les bons choix. Les sollicitations sont tellement nombreuses autour des jeunes footballeurs. Il y a tellement de pièges que pour y arriver c’est de plus en plus difficile. Les réseaux sociaux empêchent les jeunes de réfléchir et d’analyser par eux-mêmes. Tout ça est un sacré polluant ! Certes, il faut savoir vivre avec son temps, mais j’interviens aussi pour les prévenir du moindre danger afin de les aider à avancer en toute quiétude. »

 

Propos recueillis par Anthony V. pour Billion Keys.