Comment se sont passés tes premiers pas lorsque tu étais un jeune footballeur pro ?

“Après le centre de Formation du PSG, je pense que je n’aurais pas dû aller jouer tout de suite à l’étranger. Il aurait été préférable que je prenne le temps de bien consolider ma formation dans un club de bas de tableau de L1 ou bien en L2. Ensuite, j’aurais volé de mes propres ailes. A cette époque, je pensais être prêt. Avec le recul, ce n’était pas le cas. Je n’ai toutefois pas de regret, j’assume toujours mes choix. La principale difficulté fut l’adaptation au jeu prôné par les équipes dans lesquelles j’ai pu jouer. En effet, à Paris nous avions le monopole du ballon, nous dominions nos matchs et nous remportions très souvent la victoire. Ailleurs, j’ai découvert le jeu sans ballon, un football plus direct. Je n’étais pas habitué à harceler l’adversaire pour récupérer le ballon. Au PSG, nous avions 80% de possession de balle. Ca m’a pris un peu de temps pour m’adapter. Ma trajectoire est ce qu’elle est, j’ai toujours essayé de faire du mieux possible.”

Tu évolues au poste de milieu de terrain défensif, une sorte de travailleur de l’ombre. Où trouves-tu du plaisir à jouer malgré cette absence de lumière ?

“Le plaisir, je le trouve dans le collectif, dans le fait d’arriver à jouer ensemble. Je n’ai jamais ressenti ce besoin d’être mis en avant. On n’empêchera jamais les supporters de glorifier davantage un attaquant pour ses buts ou bien un gardien pour ses arrêts, que le reste des joueurs d’une équipe. L’essentiel reste la reconnaissance de mon coach et de mes coéquipiers du moment. Par exemple, un joueur comme Thiago Motta était un élément incontournable des équipes dans lesquelles il a pu jouer. Son rôle était de récupérer des ballons et de bien les transmettre. Sans cela, les attaquants de son équipe n’auraient pas eu de ballons, et les défenseurs auraient subi de nombreuses offensives adverses. Jouer au milieu de terrain est le poste central d’une équipe, c’est la zone où transitent le plus de ballons. En général, quand une équipe est bonne, c’est qu’au milieu de terrain le travail est bien fait.”

Tu joues désormais en Hongrie, un mot sur ton début de saison ?

“Après deux belles années passées à Grenoble (60 matchs, 1 but en L2), j’ai opté pour le projet du FC Fehervar qui est l’un des plus gros clubs Hongrois. C’est un club contre qui j’avais joué en match amical en 2014 avec le PSG ! C’est un club qui joue régulièrement l’Europa League, ça a pesé dans ma décision. C’est un rêve pour moi de pouvoir participer à ce genre de compétition. Mon adaptation a été un peu compliquée à cause de quelques petites blessures. Aujourd’hui, je suis père de deux petites filles et bientôt d’une troisième, ce n’est pas évident de déménager et de vivre à l’étranger. Ma famille m’aide à relativiser bon nombre de choses. Je ne suis également plus le même homme qu’il y a dix ans. Je prends plus de recul sur les évènements.”

Quels sont les clés de la réussite pour un jeune footballeur aux portes du niveau professionnel ?

“Il faut être bien entouré par des gens de confiance. Beaucoup de personnes sont là par intérêt. La réelle complexité pour un jeune footballeur réside à ce niveau, celui de choisir le ou les bons conseillers. Il faut s’appuyer sur des personnes qui savent faire preuve de franchise dans les bons comme des les moins bons moments, afin de pouvoir garder les pieds sur terre en toutes circonstances. Le football a beaucoup changé. Notamment avec l’émergence des réseaux sociaux… Aujourd’hui, le business est omniprésent. L’argent avant les trophées ! Il ne faut pour autant ne pas vouloir aller trop vite. Il faut bien faire les choses, étape par étape. Il vaut mieux être une légende en jouant régulièrement dans un club dit ‘moyen’ qu’un joueur quelconque dans un top club. La concurrence, on ne peut pas l’éviter. Elle existe et existera toujours, et ce dans n’importe quel milieu. Au contraire, elle doit transcender le jeune joueur, lui permettre de ressortir ce qu’il a réellement en lui. Et bien évidemment, il faut être bon à chaque match car seul le terrain parle !”

Propos recueillis par Anthony V. pour Billions Keys.