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Exclusif : Steven Nzonzi, champion du monde en 2018, nous donne ses clés de la réussite !

Interview exclusive 100% BK de Steven Nzonzi, actuel milieu de terrain du Al-Rayyan SC (D1/Qatar), et surtout champion du Monde en 2018 avec l’équipe de France. Pour Billion Keys, le natif de La Garenne-Colombes nous distille ses conseils afin de vous donner toutes les chances de devenir un joueur professionnel !

Par Rédaction 26 janvier 2023

 

“Un jeune footballeur ne doit pas jouer pour gagner de l’argent”

 

Steven, allons à l’essentiel ! Quels sont les principaux dangers pour un jeune qui appartient à un centre de Formation de football ?

“Il y en a énormément ! Le football est le reflet de la vie, donc des dangers il y en a tout le temps. Suivre le bon chemin pour s’en sortir n’est pas des plus simples. Pour cela, il faut faire bien attention, à commencer par l’argent. Un jeune footballeur ne doit pas jouer pour gagner de l’argent. S’il est vraiment bon sportivement, il aura tout le temps d’en gagner par la suite. J’en profite d’ailleurs pour remercier mon père, qui a toujours su me faire comprendre cela et ainsi me permettre de rester focus sur mes performances. Ce qui doit compter avant tout, c’est la progression du jeune et son plaisir de jouer. Le bling-bling, les réseaux sociaux, tout ça est à éviter ! C’est quoi le but, faire le beau devant les copains du quartier en disant qu’il joue dans un grand club ? Moi je jouais encore à Amiens lorsque j’étais en équipe de France Espoirs. Certains jouait à Liverpool ou au PSG, ce qui ne m’a pas empêché de devenir pro. Les filles, c’est pareil, il faut faire très attention. Jouer dans un club pro rend beau ! Une déception amoureuse quand on est jeune fait souvent mal. Ca peut affaiblir mentalement. Il faut vraiment savoir ce qu’on veut. Ca demande des sacrifices, comme éviter de sortir en boîte de nuit, mais c’est comme ça ! Le jeune ne doit pas jouer au foot pour montrer aux autres que… Il doit être focus sur son projet de Formation ! De toute façon si vraiment il est bon, il passera à la télévision et il sera vu par tout le monde ! »

Qu’est-ce qui a vraiment pesé dans ton cas pour que tu deviennes footballeur pro ?

“Il ne faut pas omettre le facteur chance, car il en faut, même si bien souvent on ne doit compter que sur soi. Ma vraie force est que j’ai toujours été un compétiteur ! Quand je ne jouais pas, je n’étais pas content. Quand j’étais remplaçant, ça ne me plaisait pas non plus. Quand on perdait un match, c’était encore pire ! Dans ma tête, je n’ai jamais voulu me contenter d’une certaine routine. Même quand je jouais en équipe réserve à Amiens ou même plus jeune, je me mettais une certaine pression pour toujours faire mieux. Mais il faut aussi savoir relativiser les choses, le but n’était pas de me mettre une pression exacerbée, elle était réfléchie. C’est ainsi que j’ai fait mes premiers pas en pro à Amiens.”

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Tu n’as pas abordé l’hygiène de vie, est-elle fondamentale ?

“Je vais être 100% honnête. A 18, 19 ou 20 ans, je n’étais pas du tout convaincu par les bien-fondés d’entretenir une bonne hygiène de vie. J’ai fumé la chicha une fois, je me suis blessé aux ischios. J’ai renouveler l’expérience, je me suis de nouveau blessé aux ischios. La chicha fut mise de côté ! Ca va en faire rire certains, mais les tentations sont nombreuses. C’est très difficile de dire ‘non’ quand vos amis profitent sous vos yeux des plaisirs de la vie. J’ai donc appris à écouter mon corps. La diététique, je l’ai découverte qu’à 26 ans. Avant je ne m’interdisais pas d’aller au McDonald car j’estimais que ça n’affecterait pas mes performances. Mais il faut faire très attention ! Je ne suis pas en train de dire qu’il faut en abuser, au contraire. Celui qui ne ressent pas l’impact sur ses performances car il reste bon, peut se le permettre. Par contre, ces dernières années j’ai vu beaucoup de jeunes se blesser. Avec du recul, je peux admettre qu’il faut prendre soin de son corps, donc de son hygiène de vie globale afin de perdurer au plus haut niveau.”

Quel est ton avis envers les jeunes qui arrivent dans le football pro d’aujourd’hui ?

“Le football évolue, les jeunes joueurs aussi. L’approche et le matériel pour les entraînements ont évolué. Ce qui a permis une accélération de la progression des apprentis footballeurs. Peut-être que dans vingt ans ça ira encore plus vite et plus tôt ! Les jeunes réalisent souvent des entraînements supplémentaires et suivent ce que font les plus grands joueurs via les réseaux sociaux. Ils scrutent leurs entraînements et essayent de s’en inspirer. A mon époque, nous n’avions pas d’images des entraînements de Zinedine Zidane, voire même de Michael Jordan ou de Lebron James ! Dorénavant, ils peuvent avoir accès à des séances complètes de musculation ou bien de gymnastique. Quand je vois le petit de 16 ans du PSG (Warren Zaïre-Emery), je suis impressionné car il est costaud et tient bien sur ses jambes ! Il est très puissant pour son âge. Moi j’étais frêle au même âge ! Ca prouve bien qu’il y a eut de sacrés progrès. »

Est-ce indispensable de passer par un centre de Préformation ou un centre de Formation pour espérer devenir un footballeur pro ?

« Même si un joueur n’intègre pas un centre de Préformation, rien n’est perdu pour lui. C’est relativement jeune, donc rien d’obligatoire. Par contre, la très grande majorité des joueurs qui deviennent pro suivent une Formation au sein d’un club pro. Si le joueur reste dans le monde amateur, les tentations extérieures seront encore plus grandes car il n’évoluera pas dans un cadre bien défini. Grandir dans un centre de Formation, c’est comme grandir au sein d’une famille. Il y a des règles à respecter. Je recommande aux jeunes de tout tenter pour y entrer. Même s’ils font parfois face à un échec, il faut redoubler d’efforts pour tenter leur chance à nouveau. Certes, il y a quelques joueurs amateurs qui parfois percent sur le tard, mais ça reste une minorité. »

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Quelle est ta définition d’un bon footballeur ?

« C’est une question difficile ! Déjà, ça dépend du poste car les rôles sont forcément différents. Par contre, il y a un point commun à tous : il faut être régulier et que l’on puisse compter sur lui à n’importe quel moment. Le bon footballeur est aussi celui qui se blesse le moins souvent, car il sait prendre soin de lui.”

Tu es âgé de 34 ans, as-tu songé à ta reconversion ?

“Si tout va bien, j’espère jouer encore trois ans. Je n’ai pas encore trop réfléchi à ma reconversion. Je suis encore à 100% motivé par le terrain. Pourquoi pas entraîner des jeunes d’un centre de Préformation ou de Formation ? Dans l’immédiat, je n’ai pas encore de certitudes sur mon avenir. Le football c’est ma vie, c’est le domaine dans lequel je me sens forcément le plus à l’aise. Voilà pourquoi j’aimerais transmettre tout ce qu’on m’a appris.”

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Quel regard portes-tu sur ta carrière professionnelle ?

« Le jeune ‘moi’ est super heureux de ce que j’ai réalisé. Si on m’avait dit à mon adolescence que je deviendrais un joueur professionnel, que je jouerais dans de grands clubs et que je serais champion du monde, je ne l’aurais pas cru. C’est un truc de fou ! Ma carrière aurait pu être mieux c’est vrai, tout comme elle aurait pu être moins bien aussi, personne n’est parfait. Mon sentiment global est que je suis heureux de ce que j’ai fait, c’est l’essentiel. Alors oui, j’aurais pu remporter d’autres trophées, comme la Ligue des Champions, mais il y a tellement de paramètres dans une carrière. Le jour où je dirais stop, je suis convaincu que mes proches auront été fiers de moi. C’est le plus important à mes yeux, les avoir rendus heureux le plus longtemps possible. »

Pour clore notre entretien, quelles sont tes principales clés de la réussite qui t’ont permis de durer au plus haut niveau ?

« Le travail, l’humilité et la persévérance ! Tout est bien souvent une question de mental, il ne faut jamais rien lâcher. »

Steven Nzonzi

Poste : Milieu de terrain

Club : Al-Rayyan SC (D1/Qatar)

Né le : 15 décembre 1988 (34 ans)

A : La Garenne-Colombes (Hauts-de-Seine)

Taille : 1m95

Carrière : Racing CF 92 (95-99) – PSG (99-02) – CA Lisieux (02-03) – SM Caen (03-04) – AS Beauvais Oise (04-05) – Amiens SC (05-09) – Blackburn Rovers (09-12) – Stoke City (12-15) – Séville FC (15-18) – As Roma (18-21) – Galatasaray SK (19-20/prêt) – Stade Rennais FC (20-21/prêt) – Al-Rayyan SC (depuis septembre 2021)

Equipe de France : Espoirs (6 sélections) A (20 sélections)

Palmarès :

Séville FC

  • Vainqueur de la Ligue Europa : 2016.
  • Finaliste de la Supercoupe de l’UEFA : 2016.
  • Finaliste de la Coupe d’Espagne : 2018.

France

  • Vainqueur de la Coupe du monde : 2018.

Propos recueillis par Anthony V. pour Billion Keys.